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Poire-belle-moi
25 avril 2008

Procès khmers rouges

AFP - mercredi 23 avril 2008, 12h39

Khmers rouges: Vergès, l'avocat de Samphan, sort de ses gonds à l'audience

L'avocat français Jacques Vergès a qualifié mercredi "d'illégale" la détention de son client, l'ex-chef de l'Etat cambodgien Khieu Samphan accusé de crimes contre l'humanité, affirmant que "toute la procédure" était "nulle" en raison d'un problème de traduction. De son côté, le tribunal spécial, parrainé par l'ONU et chargé de juger à Phnom Penh d'anciens dignitaires du régime ultra-communiste des Khmers rouges (1975-1979), a décidé "d'ajourner" indéfiniment l'audience consacrée à Khieu Samphan et de "délivrer un avertissement" à Me Vergès en raison de son "comportement". L'audience de mercredi visait seulement à examiner une procédure d'appel de la détention provisoire de Khieu Samphan, dans l'attente de son procès dont la date n'a pas été fixée. "J'ai signalé que 16.000 feuilles (en anglais) constituant l'accusation contre M. Khieu Samphan n'étaient pas traduites en français. Or le français est une langue officielle (du tribunal) et, donc, je suis incapable de savoir ce qu'on reproche à mon client", a assuré Jacques Vergès. Selon une déclaration du tribunal, l'avocat français, âgé de 83 ans, a annoncé son intention de "rester silencieux" et a refusé, lors de l'audience, de "continuer à défendre" Khieu Samphan, lui-même âgé de 76 ans. Jacques Vergès et Khieu Samphan, qui a étudié en France, s'étaient connus dans les années 1950 à Paris où ils fréquentaient tous deux les cercles marxisants du mouvement anti-colonialiste. La cour s'est étonnée du "retrait" de Me Vergès qui ne s'était pas plaint de "problèmes linguistiques" avant mercredi. Elle a justifié son "avertissement" en affirmant que, "de fait", l'avocat français n'a donné "aucun préavis" et a "abusé" des procédures et des droits fondamentaux du suspect. Devant les journalistes, Jacques Vergès est sorti de ses gonds. "Manifestement, toute la procédure contre M. Khieu Samphan est nulle" car il n'y a "pas une page de l'accusation" traduite "en français", a-t-il dit en demandant la libération de l'ancien chef de l'Etat, arrêté en novembre et mis en examen pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. "Sa détention est illégale puisqu'elle a été ordonnée à partir d'un dossier auquel ses avocats n'avaient pas accès", a assuré Jacques Vergès, ajoutant: "Cela ne s'est jamais vu, sauf dans les dictatures". Il a par ailleurs affirmé que le tribunal avait "demandé à M. Khieu Samphan de changer d'avocat". Rappelant ses "50 ans de barreau", Me Vergès a dit: "C'est la première fois que je vois des juges demander à un accusé de changer d'avocat. C'est un scandale unique". "Vous comprenez que (...) que je sois ému et indigné qu'on traite ma robe de cette manière", a encore lancé Me Vergès en annonçant son intention de "saisir" les Nations unies, ainsi que les autorités françaises, "pour leur dire le mépris avec lequel le français est traité devant ce tribunal". La procureure cambodgienne Chea Leang a qualifié de "regrettable" le report de l'audience, alors que les victimes des Khmers rouges s'impatientent. Elle a estimé que les impératifs de traduction allaient ralentir et retarder les audiences. Khieu Samphan a deux avocats: le Cambodgien Say Bory et Jacques Vergès, arrivé lundi au Cambodge et qui a compté parmi ses anciens clients célèbres le terroriste Carlos et le nazi Klaus Barbie. Lors de son arrestation, Khieu Samphan avait contesté les faits qui lui sont reprochés, affirmant que les fonctions qu'il occupait à l'époque ne suffisaient pas à démontrer sa culpabilité dans des crimes. Près de deux millions de personnes ont trouvé la mort sous les Khmers rouges qui, au nom d'une idéologie mêlant maoïsme et nationalisme, ont fait régner la terreur il y a trois décennies au Cambodge. Khieu Samphan fait partie d'un groupe de cinq accusés appelés à être jugés à partir de la seconde moitié de 2008. La plupart des suspects sont très âgés. Pol Pot, numéro un de l'ancien régime des Khmers rouges, est décédé en 1998.

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